Jineteras { 13 images } Created 30 Apr 2016

19 décembre 1998. J’emménage chez Farah au 567 calle Luz, entre Villegas et Acosta, dans le quartier de la vieille Havane. Toute la famille m’attend. C’est la première fois qu’une «yuma » (étrangère) vient se poser dans leur quartier.

L’appartement deux pièces a été nettoyé spécialement pour mon arrivée, le sol soigneusement balayé de ses mégots de Popular. Farah insite pour que je dorme dans sa chambre, à « l’étage », sorte de planche en bois posée au-dessus de la chambre de sa mère. Elle a même prévu des cintres pour accrocher mes vêtements. Des draps propres couvrent le matelas aux ressorts qui tentent de s’en extraire. Une petite peluche est posée sur l’oreiller. Le ventilateur souffle ce qu’il peut d’air compressé. Farah a allumé le poste de radio casette pour me faire écouter la chanson de Willy Chirino « Jineteras », prohibée à La Havane, mais que l’on peut trouver sur le marché noir.

J’apprends. A me laver avec un seau et à garder un verre d’eau pour le soir (pour les dents), pendant que résonne dans toute la ville le discours de Fidel Castro ou les voix des héros de la Novela, ( le feuilleton télévisé brésilien qui fait rêver tous les habitants de la vieille Havane).

Nous faisons les courses, avec la libreta. Ration de pain, d’huile. Ration de riz. Il faut frapper à plusieurs portes pour trouver des œufs , un vrai jeu de piste. « Allez voir chez Pepe, je crois qu’il en a eu hier », « demandez à José, c’est lui qui en a dégoté une caisse ».Des heures pour préparer à manger, trier les haricots, les cuire.
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